On accède non seulement aux matières premières
mais à un savoir faire oriental, pour la culture et l’extraction des fleurs et
des épices.
La grande nouveauté fut l’utilisation
systématique de l’alcool comme conservant et comme diluant, à partir du XVIème
siècle : auparavant, le parfum était en fait un mélange de peu d’essences
naturelles pures, et notamment des plus recherchées : la rose, le jasmin
et la tubéreuse pour les fleurs, l’ambre, le musc, la civette, le santal,
l’encens et la myrrhe comme « fixateurs ». Avec l’alcool, on peut
utiliser des essences plus fraîches et plus volatiles comme des herbes
(romarin, sauge, thym), des fleurs comme la lavande ou les hespéridées. Ainsi
naîtront les premières eaux de Cologne : eau de la reine de Hongrie, de
Catherine de Medicis ou de Napoléon. Ces parfums très dilués servent alors de
produit d’hygiène. On se lave avec ces parfums. La reine de Hongrie rajeunira
grâce à cet usage immodéré. Napoléon en utilisait plusieurs litres par jour et
même en buvait.
Les produits parfumés sont chers et l’apanage
des élites. Simon Barbe, parfumeur du
Dauphin écrit un précis en 1699 qui donne la liste des produits parfumés qu’un
homme bien-né se doit d’utiliser : on parfumera ses gants – c’est pour
cela que la corporation des parfumeurs est aussi celle des gantiers – et tous
les accessoires en cuir, ses perruques, ses habits, on se poudrera (poudre
parfumée d’Iris), on se parfumera, on boira des vinaigres et des liqueurs
parfumées, on prisera du tabac parfumé,
on fera brûler des pastilles ( nos bâtons d’encens moderne) , on
s’enduira de pommades parfumées, on garnira la maison de « pots
pourris » etc.…
En la matière, les dépenses à Versailles
étaient énormes – bien plus importantes que les dépenses de bouche – et celles
de Joséphine de Beauharnais feront la joie des gazetiers…
Si les sociétés orientales n’ont jamais cessé
d’y attacher une importance primordiale, où la fonction érotique du parfum se
confond avec sa fonction ésotérique, médicinale et religieuse, par contre
l’occident puritain du XIXème siècle et du début du XXème, tentera de chasser
le parfum de nos alcôves, telle une émanation du diable. La sensualité
reviendra avec les Années folles : c’est alors que les grands classiques, encore leader des
ventes aujourd’hui, seront créés, comme Chanel 5, Shalimar ou Arpège…