L`EUROPE DE LA RENAISSANCE




En renouant avec les traditions antiques, en développant les relations commerciales et intellectuelles avec l’orient, l’Europe de la Renaissance, et d’abord l’Italie, va aussi renouer avec l’art de la parfumerie. Les grandes expéditions maritimes n’ont d’autre objet d’abord que de combattre le monopole arabe sur le commerce des épices et des produits de luxe, parfums, laines fines et soies de l’orient…Florence, dont les banquiers financent les découvertes, en sera le grand bénéficiaire : l’alliance de François Ier qui se matérialise par le mariage de son fils Henri II avec Catherine de Médicis permettra à la France d’entrer alors dans la partie…
On accède non seulement aux matières premières mais à un savoir faire oriental, pour la culture et l’extraction des fleurs et des épices.
La grande nouveauté fut l’utilisation systématique de l’alcool comme conservant et comme diluant, à partir du XVIème siècle : auparavant, le parfum était en fait un mélange de peu d’essences naturelles pures, et notamment des plus recherchées : la rose, le jasmin et la tubéreuse pour les fleurs, l’ambre, le musc, la civette, le santal, l’encens et la myrrhe comme « fixateurs ». Avec l’alcool, on peut utiliser des essences plus fraîches et plus volatiles comme des herbes (romarin, sauge, thym), des fleurs comme la lavande ou les hespéridées. Ainsi naîtront les premières eaux de Cologne : eau de la reine de Hongrie, de Catherine de Medicis ou de Napoléon. Ces parfums très dilués servent alors de produit d’hygiène. On se lave avec ces parfums. La reine de Hongrie rajeunira grâce à cet usage immodéré. Napoléon en utilisait plusieurs litres par jour et même en buvait.




Les produits parfumés sont chers et l’apanage des élites.  Simon Barbe, parfumeur du Dauphin écrit un précis en 1699 qui donne la liste des produits parfumés qu’un homme bien-né se doit d’utiliser : on parfumera ses gants – c’est pour cela que la corporation des parfumeurs est aussi celle des gantiers – et tous les accessoires en cuir, ses perruques, ses habits, on se poudrera (poudre parfumée d’Iris), on se parfumera, on boira des vinaigres et des liqueurs parfumées, on prisera du tabac parfumé,  on fera brûler des pastilles ( nos bâtons d’encens moderne) , on s’enduira de pommades parfumées, on garnira la maison de « pots pourris » etc.…
En la matière, les dépenses à Versailles étaient énormes – bien plus importantes que les dépenses de bouche – et celles de Joséphine de Beauharnais feront la joie des gazetiers…
Si les sociétés orientales n’ont jamais cessé d’y attacher une importance primordiale, où la fonction érotique du parfum se confond avec sa fonction ésotérique, médicinale et religieuse, par contre l’occident puritain du XIXème siècle et du début du XXème, tentera de chasser le parfum de nos alcôves, telle une émanation du diable. La sensualité reviendra avec les Années folles : c’est alors que  les grands classiques, encore leader des ventes aujourd’hui, seront créés, comme Chanel 5, Shalimar ou Arpège…